« Quand elle était enfant, elle avait lu, en lettres rouges sur le mur blanc d'une chambre qu'elle avait habitée pendant deux mois au pays de Galles, un texte biblique comme les protestants en inscrivent dans leurs maisons : « Il est terrible de tomber entre les mains du Dieu vivant. » Non, se disait-elle maintenant, ce n'est pas vrai. Ce qui est terrible, c'est d'être rejetée des mains du Dieu vivant. »
« Ce dénouement-ci, c'est qu'elle basculait du souvenir dans le présent, c'est aussi que ce qui n'avait de réalité que dans un cercle fermé, dans un univers clos, allait soudain contaminer tous les hasards et toutes les habitudes de sa vie quotidienne, et sur elle, et en elle, ne plus se contenter de signes – les reins nus, les corsages qui se dégrafent, la bague de fer – mais exiger un accomplissement. »
« Perdue dans son épouvante, elle sentit la main d'Anne-Marie sur ses reins, qui indiquait où poser les fers, elle entendit le sifflement d'une flamme, et dans un total silence, la fenêtre qu'on fermait. Elle aurait pu tourner la tête, regarder. Elle n'en avait pas la force. Une seule abominable douleur la transperça, la jeta hurlante et raidie dans ses liens. »

Enfin une femme qui avoue ! Qui avoue quoi ? Ce dont les femmes se sont de tout temps défendues (mais jamais plus qu'aujourd'hui). Ce que les hommes de tout temps leur reprochaient : qu'elles ne cessent pas d'obéir à leur sang; que tout est sexe en elles, et jusqu'à l'esprit. Qu'il faudrait sans cesse les nourrir, sans cesse les laver et les farder, sans cesse les battre. Qu'elles ont simplement besoin d'un bon maître, et qui se défie de sa bonté...
Après toute cette euphorie envers 50 nuances de gris, pourquoi ne pas se tourner vers le grand classiques de masochisme littéraire, l'histoire d'O, qui sans nul doute auras d'une façon ou d'une autre influencé l'auteur de cette trilogie si populaire. Ce roman est, dit-on, dans certaine description, l'un des livres français les plus lu au monde. Alors, cette histoire est l'une des plus noires et des plus tordues que j'ai eu l'occasion de lire, et j'en ai lu des tordus ! J'ai beau tenté de comprendre l'héroïne de cette histoire, une part d'elle me reste complètement inconnue, comment créer cette psychologie sans l'avoir profondément vécu soi-même ? La question se pose à quel point l'auteure est-elle entrée dans son personnage ? À quel point a-t-elle influencé son personnage et à quel point celui ci l'a-t-elle influencer ? Pour créer du noir, il faut du noir en soi-même voilà ma logique, mais le noir de cette histoire est si sordide... Au premier chapitre, j'ai faillit refermer ce livre avec la violence de la répugnance, mais non je suis la plus curieuse des femmes, je voulais voir, à quel point elle se donnerait et s'abandonnerait, à quel point tout cela serait terrible et ce fut terrible. Si vous n'osiez pas penser à lire Vénus Érotica, ne touchez pas à celui-ci. Pour finir ce livre, il faut soit être à toute épreuve et avoir un grand sens de la curiosité ou être comme O, une esclave, ou tout du moins être fasciné par l'esclavage de la femme. Un objet voilà ce qui est éc½urant dans ce livre, elle ne se fait pas que traiter en objet elle EST un objet, dans son corps et aussi dans sa tête. Elle se donne de son plein gré, au fouet, au fer rouge, aux chaines, à la bague de fer et se donne à tout... par amour. Ce livre est écrit d'une façon indescriptible il faut s'y adapter ou abandonner, certaine tournure de phrase, m'ont interloquée, mais cela fait partie du roman, il est difforme. Comment ne pas se révolter devant le difforme et le hideux, ce roman est révoltant. Mais fascinant.
Christine,