«La première fois qu'il le vit, il en eut la trouille satanée, et en avait déguerpissé : je crois qu'il en mauvais rêve encore».
«On a la laisse au cou, la fatigue qui vous retient à la terre finalement vous y tire, et l'on tombe, toujours, que voulez-vous. C'est l'élastique de la mort».
«Les feuillets s'accumulaient, je ne relisais rien [...], mais je fais confiance aux mots, qui finissent toujours par dire ce qu'ils ont à dire. Tournez cinq fois sur vous-même, les yeux fermés et, avant que de les rouvrir, un caillou que vous aurez lancé, vous ne saurez pas dans quelle direction il est parti, mais vous saurez qu'il aura bien fini par retomber sur terre. Ainsi sont les mots. Ils arrivent toujours, coûte que coûte, par se poser quelque part, et cela seul est important».
«On a la laisse au cou, la fatigue qui vous retient à la terre finalement vous y tire, et l'on tombe, toujours, que voulez-vous. C'est l'élastique de la mort».
«Les feuillets s'accumulaient, je ne relisais rien [...], mais je fais confiance aux mots, qui finissent toujours par dire ce qu'ils ont à dire. Tournez cinq fois sur vous-même, les yeux fermés et, avant que de les rouvrir, un caillou que vous aurez lancé, vous ne saurez pas dans quelle direction il est parti, mais vous saurez qu'il aura bien fini par retomber sur terre. Ainsi sont les mots. Ils arrivent toujours, coûte que coûte, par se poser quelque part, et cela seul est important».

Nous avons dû prendre l'univers en main mon frère et moi car un matin peu avant l'aube papa rendit l'âme sans crier gare. Sa dépouille crispée dans une douleur dont il ne restait plus que l'écorce, ses décrets si subitement tombés en poussière, tout ça gisait dans la chambre de l'étage d'où papa nous commandait tout, la veille encore. Il nous fallait des ordres pour ne pas nous affaisser en morceaux, mon frère et moi, c'était notre mortier. Sans papa nous ne savions rien faire. À peine pouvions-nous par nous-mêmes hésiter, exister, avoir peur, souffrir.
Ainsi débute ce récit impossible à raconter, à la fois désopilant et grandiose, plein de surprises et d'enchantements, porté de bout en bout par une langue tout ensemble farfelue et éclatante. Ce qui prouve bien deux choses, si besoin était : à savoir que la littérature est d'abord une fête du langage, et que Gaétan Soucy occupe dans nos lettres une place aussi unique qu'incontestable.
Ainsi débute ce récit impossible à raconter, à la fois désopilant et grandiose, plein de surprises et d'enchantements, porté de bout en bout par une langue tout ensemble farfelue et éclatante. Ce qui prouve bien deux choses, si besoin était : à savoir que la littérature est d'abord une fête du langage, et que Gaétan Soucy occupe dans nos lettres une place aussi unique qu'incontestable.
Robert Lévesque a déclaré ce roman de chef d'œuvre et pourtant, avant quelques jours à peine, je n'avais jamais entendu parler de l'auteur Gaétan Soucy qui est considéré comme une révélation de ces dernières années. Ce livre m'a glissé entre les mains parce que mon copain l'a déjà étudié, il se rappelait que les personnages étaient étranges et l'histoire pareillement : je comprends que ça l'ait marqué! Quand il a posé le doigt sur le titre, j'ai cru qu'il me parlait d'un tome de Millénium, mais on est loin de là. En fait, je ne pourrais pas totalement vous dire où on est situé avec cette œuvre, je ne suis ni certaine de l'époque où sa se déroulait, ni de l'endroit. Les personnages n'ont pas de noms avant la toute fin, les protagonistes s'interpellent entre eux avec des titres comme frère ou père. L'élément déclencheur est le décès du paternel plutôt bizarre dans un univers tout aussi lugubre que l'homme. La quête est curieuse : la recherche d'un cercueil par les enfants dans le village d'à côté, une épreuve pour eux qui vivent tant coupé de la société. Ils ont un vocabulaire différents des autres, appelant les femmes des putains ou des sainte-vierges par exemple, bref c'est tout un spectacle, sans parler des figettes qui arrivent à tout moment à notre narratrice. Celle-ci possède une richesse dans son style de plume, rempli de poésie et de tournure de phrase nouvelle, mais parfois, ça se parsème de répétition ce qui me tannait un peu vers la fin. La fin, elle, je l'ai trouvé trop rapide, comme souvent il m'arrive de dire à propos de la fin d'un livre quoique assez pleines de rebondissements qu'on n'aurait pu soupçonnés. Pour en revenir sur la longueur, j'ai trouvé que le livre était juste assez long, 179 pages, si l'on aurait augmenté le volume, trop de bizarreries auraient étourdis. Car décidément, ce livre est mystérieux et malgré sa drôle d'allure, il cache une profondeur. Le texte en soi est très philosophique, quand on y réfléchit. C'est une lecture qui peut se prendre légèrement comme je l'ai fait ou alors, elle peut devenir très enrichissante, j'imagine. Juste le titre demeure encore pour moi partiellement incompris parce que je ne me suis pas penchée tant que ça à ce qui concerne l'au-delà des lignes. C'est l'été, ma tête est en congé, donc pour moi, La petite fille qui aimait trop les allumettes consiste en une agréable découverte et un autre titre à rajouter sur ma liste de romans bizarres que j'ai eu l'occasion de lire.
Ariane,