«J'entends le second coup de hache. Bruit gluant et sec à la fois. Nouveau hurlement de Verrue, animal, atroce. Micha qui se met à crier :
- Franchement, docteur, frappez au moins dans la même entaille!
- Même entaille, même entaille! C'est facile à dire! Je voudrais vous y avoir, vous!»
«[...]C'était une... enfin, j'imagine qu'elle était très... cochonne ?
-À table ?
-Non, Chess, au lit...
-Je ne crois pas qu'elle mangeait au lit».

Il était une fois...
Alice, une jeune fille curieuse, délurée, fonceuse et intelligente de Brossard. À dix-huit ans, poussée par son besoin d'affirmation de soi, elle décide qu'il est temps de quitter le cégep et le cocon familial pour aller vivre sa vie là où tout est possible, c'est-à-dire dans la métropole.
À la suite d'une rencontre fortuite dans le métro, Alice aboutit dans un quartier dont elle n'a jamais entendu parler et où les gens sont extrêmement bizarres. Mais c'est normal, non ? Elle est à Montréal et dans toute grande ville qui se respecte, il y a plein d'excentriques, comme Charles ou Verrue, d'illuminés, comme Andromaque ou Chess, et d'êtres encore plus inquiétants, comme Bone et Chair...
Alice s'installe donc et mord à pleines dents dans la vie, prête à tout pour se tailler une place. Or, elle ne peut savoir que là où elle a élu domicile, l'expression être « prêt à tout » revêt un sens très particulier...
Aliss est une réadaptation du conte Alice aux pays des merveilles, ce n'est pas la première fois qu'on peut lire ce concept, mais je vous promets que vous ne trouvez rien de tel. Alice devient Aliss lorsqu'elle tombe dans un quartier plutôt étrange de Montréal. Déjà l'idée est bonne : qui aurait cru un pays des merveilles québécois possible? Étant de cette nationalité, j'ai adoré le vocabulaire, notre vieux joual et ses vulgarités, ce côté familier m'a permis d'embarquer dans l'histoire. Cependant, la multitude de personnages s'exprime tous différemment : quelle fût ma surprise quand j'ai constaté qu'Andromaque, la propriétaire du club rival à celle de la Reine rouge, parlait toujours en alexandrin. Puis, il y en a un qui bégaie ou alors qui baragouine des propos poétiques, il y a ce duo, Chair et Bone, qui font toujours des jeux de mots qu'eux seuls trouvent drôle (bon, y'a moi aussi qui les trouve marrant), aussi il y a cette serrurière qui parle dans un français où il manque tellement de lettre qu'on ne croirait plus du français. Bref, j'imagine que Senécal s'est fait un plaisir fou à écrire, entre autre, les dialogues, j'aurais adoré être à sa place et faire évoluer ses protagonistes si variés. Adorer, le mot est faible, oh comme j'aurais aimé avoir écrit ce livre, mais bon, je me dis ça à chaque fois.
Pour en revenir à notre personnage principale, je me suis reconnue dans Aliss, par contre ça, je ne peux pas promettre à tout le monde que ça sera le cas. Aliss est une tête forte, très brillante, comme le dit la quatrième de couverture, elle n'est pas facilement effrayée et ne craint pas oser. Son évolution dans ce monde dérangé est palpitante et on se demande jusqu'à où elle va aller, car son passé l'appelle toujours, il n'est pas trop tard pour faire demi-tour. En chaque début de chapitre, l'auteur nous remémore l'évolution du conte et prévient le lecteur du schéma narratif, ce qui donne une touche sympathique. Sincèrement, tout s'enchaîne de manière si fluide, on passe d'une expérience à une autre sans s'en rendre compte, les pages tournent et soudainement : et bien, on est rendu à la fin!
Sauf qu'entre le début à la fin, il y a beaucoup de choses... Et plusieurs des péripéties sont choquantes, il est question de drogue, de l'industrie du sexe et de violence à profusion. Là-bas, dans quartier, les meurtres sont de la petite bière et être sado-maso est tout à fait normal. La notion d'horreur est inexistante, tout le monde fait ce qu'il veut aussi sombre que cela peut-être. Ce livre n'est pas à conseiller aux lecteurs sensibles ou aux yeux chastes : il est notamment question d'orgie et il y a des expérimentations scientifiques/artistiques plutôt déjantées. Chair et Bone justement m'ont plu pour leurs expérimentations et leur amour du thé parce que oui, avec eux, sang et thé font bon mélange.
Avec cette lecture, j'ai été bouleversée quoique passionnée par l'irrationnel de cet univers, la subtilité aussi m'a impressionnée, la manière de réinventer les personnages de Lewis Caroll est subjuguant. J'ai également énormément ri! J'aime l'humour noir et celle absurde, et ici, j'ai même adoré les carambars. J'ai lu presque tous les romans de Patrick Senécal et je peux dire que celui-là figure parmi les plus réussis. Si vous tentez le coup, vous aurez expérimenté une expérience littéraire unique et je ne pense pas que vous le regretterez. Ma chronique témoigne de mon enthousiaste envers Aliss et encore-là, je pourrais en parler longtemps encore, mais je ne veux vraiment pas spoiler! Alors, je me répète, essayer ce livre, vous vous attacherez aux personnages - ce qui est bien puisque certains d'entre eux reviennent dans d'autres ½uvres comme Malphas ou 5150, rue des Ormes – et vous vivrez une palette d'émotions avec eux.
GtnbsablyHN, Posté le samedi 22 mai 2021 08:42
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