«Une minute plus tard, la grosse Ginette a repris sa place derrière son comptoir. Dans le magasin, deux autres clients examinent les jeux de dard en velcro et les chandeliers en forme de girafes. Je sors du magasin, déboussolé mais plutôt satisfait. Ginette a désormais un nouveau client. Et c'est la première fois qu'un dealer me fournit du shit qui sent la cannelle...»
«Il se lève avec l'enthousiasme du journaliste responsable de la rubrique nécrologique»
«Le couloir se poursuit sur trois autres mètres, tout aussi vide, tout aussi gris, puis se termine sur une grande porte de métal impresionnante. [...] Que peut bien garder une telle porte? Des coffres-forts? Un harem de vierge? Le squelette du Christ? En tout cas, c'est la fin de la visite du sous-sol. C'était passionnant, dommage que j'aie oublié mon appareil-photo».

Je m'appelle Julien Sarkozy. Oui, oui, je me prénomme bien Julien ! Professeur de littérature, j'étais fin prêt il y a quelques jours pour ma première session au cégep de Malphas. Le directeur pédagogique, Rupert Archlax, m'avait annoncé que j'aurais trois groupes dans le cours 102. Comme c'est celui qui se donne pendant la session d'hiver et que nous étions en août, j'avais tout de suite compris que mes élèves seraient ceux qui avaient coulé le cours à la dernière session.
Pour un professeur qui a quatorze années d'ancienneté – les trois premières à Montréal, les autres à Drummondville –, ce n'est pas la situation rêvée. Mais je ne me suis pas plaint : après ce qui est arrivé l'an dernier, je... Enfin, disons que j'étais simplement heureux de pouvoir continuer à enseigner et que le cégep de Malphas, qui est si reculé que même Internet haute vitesse n'est pas encore rendu ici, représentait ma dernière chance !
Et puis, comme je venais de vivre un divorce pénible, je croyais que l'éloignement et le calme allaient m'être bénéfiques. Mais j'ai vite déchanté en ce qui concerne le calme, car Malphas n'est vraiment pas un cégep comme les autres. Tellement que j'en suis à me demander combien il me restera d'étudiants en vie à la fin de la session...
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Pour commencer, je dois préciser que je suis complètement dingue de Patrick Senécal, il est à la fois mon auteur favori et une inspiration : il ne m'a jamais déçu et ce n'est pas aujourd'hui que ça va commencé. Il m'a complètement surpris avec cette nouvelle série : je n'ai pas tremblé de peur, j'ai ri, j'ai ri! J'ai passé un excellent moment de détente et de laissez-allez. La trame reste noir, mais le personnage principal, son acolyte qui s'exprime dans une syntaxe totalement incohérente – je l'ai adoré - et son entourage sont hilarants. Le héros, Julien Sarkozy, ne cesse de faire des allusions sexuels et des blagues du même genre. Il faut aimer ça. En même temps, Senécal s'auto-parodie (on retrouve des clins d'oeil à ses anciennes œuvres)! Malgré tout, ça en reste mystérieux et on voit qu'il reste encore plusieurs choses à résoudre dans ce village dingue. J'ai tellement hâte de me mettre le second tome sous la main!
A.